La marche des éléphants
La marche des éléphants
Je crois que jamais je n’aurais espéré un jour dans ma vie
Les croiser, les approcher, les sentir, les toucher,
Ceux-là même, chers à Leconte de Lisle, dans sa poésie
« Les éléphants », apprise il y a déjà bien des années.
Celui de Thaïlande est tout à fait particulier, dans le sens
Où, sans avoir fumé ni crack, ni joint, ni la moquette
A souvent les oreilles et la trompe de rose et de gris tacheté,
Ainsi sans trop mentir on peut auprès des amis se vanter
D’avoir vu des éléphants roses sur notre planète,
Qui écoutaient au doigt et à l’œil, presque à la baguette.
Ils se déplacent sans jamais se hâter toujours à la même cadence
Les uns derrière les autres, tous à la queue leu leu,
Avancent, courbant l’échine, aisément et en silence
Si doucement qu’on les dirait marchant sur des œufs.
La peau de leurs pattes est plissée comme une vieux costume trop long,
Son corps quant à lui est gercé et ressemble à un vieux tronc,
L’œil pas plus gros qu’une agate, comme perdu dans les ourlets
De sa peau est perçant, larmoyant parfois, mais expressément vif,
Vous photographie du regard, comme un reporter de son objectif.
J’aime ce vieux proverbe africain qui veut que l’œil « shoote »
Chaque instant pour le vivre uniquement,
Comme si c’était la première et la dernière fois.
Sur son dos, bien calée, au rythme de ses pas, je me laisse bercer
Au balancement de son corps et sa marche cadencée.
Il marche. Avance, trompe pendante, et bat des oreilles
Qui ondulent, et flottent parfois comme du papier froissé,
Lui par habitude poursuit sa route, toujours l’œil en éveil
Mené par le cornac qui guide son chemin, toujours le même,
Il va, toujours allant, promenant les touristes, brave pachyderme,
Marchant dans les traces laissées de la veille ou de l’avant-veille,
Larges empreintes de leurs pieds, les unes et les autres pareilles.
Parfois un éléphanteau joueur distrait la marche du troupeau,
Faisant ralentir ces marcheurs imposants trimballant leur fardeau,
Il trébuche et ses jambes fléchissent, le faisant tomber à genoux,
La marque laissée des pas des adultes, était pour lui un gros trou.
Voilà, la ballade terminée, et l’on rentre au campement,
C’était la marche des éléphants.
Texte de Marina, photos de Marina et Pieb
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