LA PETITE LESSIVEUSE
J’ai retrouvé dans la cave, enfouie au milieu d’autres vieilleries,
Délaissée, remplacée, oubliée celle qui avait été jadis
L’ancêtre de notre dernière rolls, Bosch ou Ariston ,
Cette petite lessiveuse galvanisée à champignon !
Bien avant même que n’arrive « la Mère Denis »,
Avec sa pub « Vedette », et sa bouille légendaire
Notre petite lessiveuse a trempé, chauffé, bouilli,
Sur le feu de bois de la toute vieille cuisinière,
Les draps bien costauds, brodés main, à « jours » et en métis
Les « bleus » de travail et nos affaires de coton.
Maman rangeait le gros linge, disait-elle, tout au fond,
En couches superposées bien autour du champignon,
Y parsemait ensuite quelques copeaux de savon
Et mettait de côté les tissus fragiles et les nylons.
L’eau chauffait, et chauffait encore pendant des heures,
Puis lorsqu’elle était bouillante et poussée par la vapeur
Elle s’échappait du pommeau et retombait jaillissante
Ainsi qu’une fontaine aux jets de lessives parfumées et odorantes.
Mais, la lessive pour autant était loin d’être finie,
D’une longue pince de bois, le « blanc » était retiré ;
……. il fumait encore !
Et maman, le dos plié au dessus d’un baquet,
Brossait, frottait, tapait battait le linge encore et encore
Sur ce rectangle de bois, cette planche à laver,
A la surface striée de nombreuses arêtes saillantes ;
Ses doigts dans l’eau étaient rouges et souvent abîmés
Mais au dessus du baquet, je la revois souriante
Nous surveillant d’un oeil, sans s’arrêter de frotter.
Texte et photos de Marina
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