Souvenirs d'enfance : La panade
Suite des Souvenirs d'enfance de Marina, aujourd'hui :
La panade
Souvenez-vous, je vous en ai parlé tout au début de mes « Souvenirs d’enfance » avec les repas d’hier. Mais cette « panade » mérite un peu plus que deux lignes dans un texte.
Le pain a toujours été sacré et respecté chez nous et ailleurs je suppose.
Sacré, parce que je revois mon père tracer de sa lame de couteau une croix avant d’entamer la baguette. Respecté, parce que le pain ne se jetait pas.
« Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien », « manges ton pain avec ton fromage », « essuies ton assiette avec un morceau de pain » « remet le pain du bon côté sur la table » « on ne coupe pas le pain, on le rompt » etc…. etc………..
Des tartines beurrées du matin jusqu’au au pain-beurre cacao ou pain et cran de chocolat ou même pain et saindoux salé au gros sel, le pain était la base de nos repas. Un morceau ne se jetait pas à la poubelle, il était précieusement récupéré et mis dans la huche de bois.
Lorsque le pain n’était plus « frais », mais pas encore rassis, ma mère nous faisait du « pain perdu ». Elle coupait des tranches, les trempait savamment dans un mélange de lait, œufs et sucre et le faisait cuire dans une poêle beurrée.
Mais, quand il n’y avait plus que du pain dur, que la huche criait STOP ! C’était la soirée « panade » ! Ma mère sortait son grand faitout, celui qui avait les poignées en bois tourné, y mettait un mélange moitié eau et moitié lait, une poignée de gros sel (elle ne connaissait pas le sel fin) et beaucoup de morceaux de pain dur. En chauffant, le pain ramollissait, se détrempait, épaississait, faisait des bulles quand ça bouillait, et en deux temps trois mouvements, la « panade » était prête à être servie. Ma mère alors, nous en servait un bon pochon (rappelez-vous : le pochon) et on pouvait ajouter une grosse cuillère de crème fraîche. La cuillère tenait presque debout dans l’assiette. Cela ressemblait à une pâtée, ou plutôt un gloubiboulga. Oui, le mot est juste, puisque cela ressemblait à tout et à rien en même temps.
Texte de Marina avec ses Souvenirs d'enfance. N'oubliez pas d'y mettre votre commentaire. Merci