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Les Voyages de Marina
8 juillet 2012

La petite Do

   Une note de musique qui s'échappe et qui vient chanter à votre oreille. Pourquoi pas.                   

                                LA PETITE DO

 Elle s’est envolée par un après midi ensoleillé ; un après midi de printemps ; un après midi où tout est en ébullition dans la nature ; un après midi où les première primevères, débarrassées de la rosée matinale se sont fait une beauté ; enfin, un après midi comme je les aime.

La nature avait repris goût à la vie, après un hiver rigoureux. Le printemps s’était fait attendre ; les gelées avaient ralenti la venue des bourgeons, mais, aujourd’hui tout nous appelait dehors ; le ruisseau argenté égrenait sa musique en sautant joyeusement sur les cailloux. Comme il était heureux de parcourir la Vallée, sautant de pierre en pierre, en retrouvant le long de son parcours tous ses amis. Les petits lapins de garennes, qui s’échappent du terrier pour venir le saluer. Les bébés ragondins qui viennent lui montrer comment ils apprennent à nager à contre courant. Les grenouilles qui font des bonds de feuille en feuille. Les libellules au bleu métallique qui déploient leurs ailes transparentes comme les vitraux d’une église. Les poissons frétillants qui se laissent aller au fil de l’eau.                                  

Le vent jouait du violon dans les branches.                  

Les oiseaux s’affairaient, allaient et venaient en tenant des conciliabules sans fin. Tout n’était que musique. La campagne toute entière était un concert permanent. On eut dit que tout le monde s’était donné rendez-vous ce jour-là, après un long sommeil, tant l’agitation était à son comble ; je crois même que l’air était si doux et si caressant qu’il ressemblait sur mon cou à une kyrielle de petits baisers. Il enveloppait mon corps tout entier de sa fraîcheur printanière et m’entraînait à goûter ces instants comme je l’aurais fait du plus savoureux des mets. Je me sentis légère, légère, mais affamée ; j’avais en moi une boulimie de renouveau  et je me surpris à avaler d’un coup le premier bol d’air qui passait. J’eusse pût me saouler, m’enivrer de cette fraîcheur que je l’aurais fait.

J’avais besoin, comme la fleur qui pointe son nez dans le jardin, de sortir de mon nid trop douillet, du cocon où je m’étais confinée tout l’hiver durant.

Je hume l’air, j’écoute le silence ; oui, je dis bien « j’écoute le silence » car il me semble entendre, dans ce moment de plénitude, le murmure des fleurs, le bonjour de l’arbre ; même le vent qui m’environne m’adresse des mots gentils.

J’écoute en profondeur, presque en fermant les yeux, en balayant les gestes habituels.

Sur mon chemin, juste à mes pieds, une fourmi portant un fardeau quelques 2 à 3 fois plus lourd qu’elle, suit sa petite route ; mon pas à dû la freiner dans sa course, car elle eut une hésitation , mais, aussitôt rassurée, elle repartit avec son chargement ; ( je ne suis pas trop attirée par ses petites bêtes pour en avoir fait les frais, ou plus exactement  meilleure connaissance un jour où je me suis stationnée par mégarde sur une fourmilière ) ; mais, je les admire quant à leur discipline, leur sens du devoir, de l’armée, du travail et de l’économie ; je suis un peu fourmi moi aussi. Qu’est-ce qu’il doit y avoir comme réserves chez elles, un vrai petit super U ; qu’elle vie trépidante pour ces petites ouvrières pleines d’ardeur, et si économes ; …..   je me sens fourmi dans l’âme : d’ailleurs, je me demande si dans une autre vie je n’ai pas été fourmi !!!

S’est-elle occupée Dame fourmi de l’effervescence due au printemps, pour aller trouver ses victuailles ? je suis là à la regarder poursuivre son chemin, s’ arrêter de temps à autre , contourner un obstacle, poser son lourd fardeau et le recharger sur son petit dos ; je me dis qu’elles sont drôlement bien faites, on dirait de véritables petites bonne femmes à une heure de pointe dans le métro.

A-t-elle un mari ? Des enfants ? ……   qu’elles questions….  ?

Et je continue mon chemin moi aussi, émerveillée par le plus petit bourgeon né de la veille, par la fleur de forsythia qui s’est ouverte ce matin, par les deux pigeons qui roucoulent tendrement sous le toit de la grange ; plus loin, dans le vieux marronnier, une ribambelle d’oiseaux piaillent, chantent à tue tête ; je les écoute, je les observe ; le plus gros sur cette branche s’égosille ; d’après ses sons changeants, il pose des questions à celui perché là-haut

Sur le fil ; à l’intonation, sa phrase s’est terminée par une question,  et l’autre bientôt lui  répond tout en émettant lui aussi des variations dans son chant, un peu comme des ponctuations.

Qu’ont-ils donc de si intéressant à se dire ? que n’ais-je appris le langage « oiseau » ? que n’ais-je appris moi aussi à imiter leur chant, leur sifflement ?

 Plus loin, c’est un concert auquel j’ai droit ; je viens de reconnaître les notes de musique ; voici que s’est échappée la petite Do, c’est la première de toute une gamme. Do, Do, Do…. Par 3 fois elle est sortie, suivie bien vite par ses petites sœurs ; mais d’où viennent elles ? Où vont-elles ? Do, Do, Do, elle me nargue, elle m’appelle, elle m’intrigue .... elle m’interpelle ; d’où vient tu petite note ? Si parfaite, si claire, si juste, si sûre de toi.

Comme j’aurais aimé siffler la gamme aussi bien ; je siffle, oui, mais les notes qui s’échappent de ma bouche en cœur sont le plus souvent plus fausses que justes ; alors, qui pouvait bien sortir des gammes aussi nettes, aussi justes … là dans ma rue ?

 ….   Et les notes continuaient à s’envoler gaiement, comme une farandole. La petite Do  s’éloignait, toujours la première, entraînant par la main ses petites sœurs qui ne se faisaient pas prier.

Pourquoi n’ais-je pas pensé à regarder là, dans la cour de l’école. Une flaque d’eau. Un oiseau, un piaf, tout rond, tout ébouriffé, qui se livre à une toilette délirante, qui se mire, s’asperge et siffle à tue tête, égrenant ses notes à qui veut l’entendre, à l’arbre qui s’éveille à la nature, au vent qui le fait frissonner ;  il est heureux, il le montre et il le fait savoir !!  ; il veut qu’on l’entende. Bientôt le voilà rejoint par d’autres boules de plumes sur pattes, qui sont venus l’imiter, heureux de se mouiller, de se pomponner, de s’admirer, et tout ce petit monde, orchestré par Maître Piaf, se met à siffler des mélodies,  d’où s’envolent tour à tour Do et ses petites sœurs qui se mettent à tournoyer, à virevolter, s’accrochant parfois, l’espace d’une seconde sur une branche, sur un fil, puis montent dans les airs, libres, juste portées par le vent, ou bien, elles se mettent à danser légères comme les elfes sur les partitions de musiques virtuelles de la vie.

Reviens petite Do, ne t’épuise pas, c’est le premier jour du printemps, tu as beaucoup à faire et je veux encore t’entendre souvent ; viens charmer mes oreilles aussi souvent que tu  le voudras. Viens quand tu veux, et je te reconnaîtrai ; si tu viens frapper à ma fenêtre, je te laisserai entrer ; viens te poser, viens te reposer de temps en temps, je saurai te bercer ; on berce bien un enfant en lui chantant Do Do, l’enfant Do …   mais je ne te garderai pas prisonnière, oh non ! Car je sais que tu aimes à t’envoler, à monter dans les nuages,  et si je te mets là, dans le creux de ma main, tu sauras bien t’en échapper.

C’est par un après midi  ensoleillé que la petite Do s’est envolée ….

Texte de Marina. Toujours contente d'avoir votre commentaire, n'oubliez de l'ajouter. Merci

 

 

 

 

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