A celui qui devint ... mon Père
Comment une simple photo peut-elle faire ressortir autant de sentiments ? Glissée dans une enveloppe blanche, au milieu d’une feuille pliée : une photo. Sa photo. Cette photo. Il avait 31 ans et rentrait de 5 ans de prisonnier.
A Celui qui devint … mon Père
Cette photo de mon père, tout frais tout beau
Dans son complet sombre, comme en costume de marié,
Je la connaissais pour l’avoir déjà vue « avant »,
Je la connaissais, mais sans savoir vraiment,
Que cet homme guindé, beau comme un jouvenceau,
Allait être mon père, quelques années après.
Il rentrait là d’un quinquennat d’absence,
Il était parti cinq longues années, se battre pour la France,
Mais il n’avait pourtant, pas perdu son sourire,
Cette fossette là, sur le menton, ne saurait mentir.
Je n’ai pu, bien entendu, le connaître à cet âge,
Je n’ai de lui, que ce portrait jauni, cette image
D’un jeune homme fringant en chemise blanche,
Une main dans la poche, l’autre sur la hanche.
Cet homme là allait plaire, à celle qui deviendra ma mère,
Son visage était doux et je comprends qu’il lui plut,
Ses yeux qui avaient vu les horreurs de la guerre,
Souriaient à l’amour, qu’auprès d’Elle il reçut.
Il a toujours gardé ce regard si bon et si clair,
Le seul que je lui connaisse, et je sais que souvent derrière,
Défilaient des images qui lui voilaient la vue,
De ses années de jeunesse qu’il avait perdues.
Se pourrait-il dites-moi, que le jour du cliché,
Il ait pensé une seconde, qu’il fonderait une famille,
Peut être est-ce le pourquoi, de ce sourire et ses yeux plissés,
Il voyait sûrement sur ses genoux, son aîné et ses deux filles.
Aujourd’hui, il me plait à penser, que la magie agissant,
Il jaillisse d’un bond, hors de cette photo en noir et blanc,
Comme un vaillant chevalier et s’avance vers moi,
Et alors, attirés tous les deux par les liens du sang,
Je courrerais vers lui, en disant : « Bonjour papa ».
FIN
Texte de Marina. N'oubliez pas votre commentaire. Merci