PAR TOUS LES SEINS
Comment ne pas complexer quand la mode affiche les anorexiques et les filiformes, et que l’on a des formes pulpeuses ? Le seul moyen est d’en tirer parti.
PAR TOUS LES SEINS
Que ne me suis-je sentie gênée, lorsqu’à la puberté
La nature me dota de deux seins rebondis,
J’aurais comme les autres les eusse aimés plus petits,
Pour mettre comme elles, des petits pulls moulés.
C’était plutôt la mode des « œufs sur le plat » comme on dit,
Des petits seins à la « Birkin », ou bien même pas de seins du tout,
J’me trimballais quant à moi, un sous tif bien rempli
Quand les autres, elles, n’en mettaient pas du tout.
Je m’étais résignée, le prenant comme un complexe,
Et m’affublais de vêtements montant hauts dans le cou,
Je les enfermais dans des « cœurs croisés playtex »
Essayant de cacher ce qui devint plus tard un atout.
Ce n’est bien que plus tard que je les libérai,
Du carcan de « Playtex », je leur offris des « balconnets »,
Des seins, par tous les Saints, et bien puisque j’en avais,
Il ne servait à rien de les cacher, je devais les montrer.
Les cols montants firent place aux petits débardeurs,
Dont je laissais négligemment bailler l’échancrure,
Ils n’étaient plus un handicap, mais un atout majeur,
Je voyais les regards bigler au dessus de la ceinture,
Et s’arrêter net devant mes yeux mitrailleurs.
Certains copains venaient, jusqu’à plusieurs fois par jour,
Bégayants, bredouillants, ne sachant que mot dire,
Tels de jeunes loups, en quête de chair fraîche,
Priant de trouver bien vite, un prétexte pour revenir,
Ils repartaient le cœur transpercé comme par une flèche,
Espérant sûrement m’allécher, à leur énième retour.
Arborant un jour une robe au décolleté de star,
Plutôt que faire semblant de ne rien voir, et le faire mal,
Un collègue employa de « Molière » cette tirade théâtrale
« Cachez-moi ce sein que je ne saurais voir »
FIN