la petite montre en acier

Voici l'histoire de la petite "tocante" de mon père. Je l'ai gardée 20 longues années. Les aiguilles étaient "stoppées" sur 4 H 20 !

La petite montre en acier

 Elle s’est arrêtée de vivre il y a tout juste 20 ans,

Vingt longues années sans entendre égrener

Son  tic tac apaisant et régulier,

Son petit bruit innocent du temps

Qui s’écoule. Son petit cœur de montre en acier !

Je l’ai retrouvée là, accrochée à une vierge

Cette vierge noire qu’ils avaient achetée,

A Montserrat ; sûr qu’ils y avaient brûlé un cierge,

Ils n’étaient pas croyants pour sur, mais ils l’ont fait !

Cette montre était là, avant, à son poignet,

Il l’avait surnommée sa « tocante »

Pas de pile, juste besoin de remonter

Les aiguilles à peine vieillissantes.

C’était pour Lui,  plus qu’un bijou : une présence !

C’était aussi,  la vie tout simplement,

Ses heures, ses minutes, son temps présent,

Chaque jour, chaque instant, chaque absence.

Je l’ai gardée sans trop le savoir 20 longues années,

Très loin de ma vue, loin de mes yeux, loin de mon cœur,

Je voulais l’oublier Elle et surtout oublier l’heure,

L’instant fatal où elle s’était arrêtée.

En cette fin d’Août 2008, vingt années après,

Je me suis surprise de la réveiller,

Tourné le remontoir, du pouce et de l’index,

Doucement, presque avec délicatesse.

Sortie brusquement de son long sommeil,

Elle revivait sous mes doigts, comme petit cœur qui bat,

Je l’ai posée tendrement au creux de mon oreille,

Juste pour entendre le tic tac de ce brave petit soldat.

Elle n’avait pas de valeur, c’était une montre à deux sous,

Une petite montre en acier comme on n’en fait plus du tout,

Juste une « tocante » d’acier mécanique,

Un petit objet purement symbolique,

Qui avait encore une grosse envie de vivre,

L’envie surtout de Lui survivre.

 Texte de Marina. N'oubliez pas de mettre votre commentaire, en bas à gauche du texte. Merci