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Les Voyages de Marina
3 juillet 2012

Princesse Sarah et le paon bleu

Aujourd'hui, une petite histoire. Une histoire pour Sarah, notre petite princesse à nous.

Princesse Sarah et le paon bleu

 

Il était une fois, perchée sur l’endroit le plus haut d’un petit village provençal, une citadelle, aux murs si hauts qu’ils semblaient toucher le ciel ; aux portes si hautes, si lourdes, qu’il était impossible d’en ouvrir seul les battants ; aux arbres si hauts, si forts, si fiers, si verts, qu’il était fort possible de penser qu’ils étaient là bien avant la construction de cette enceinte.

 

IMG_9392-1-web

 

Elle était la gardienne de la presqu’île. D’en haut, on ne voyait du village que les toits imbriqués les uns dans les autres ; de son église on ne voyait que son clocher aux couleurs chaudes, un mélange de jaune et d’ocre ; de son port, on ne voyait que les mâts des bateaux ancrés au quai, et de la mer, on ne voyait que le bleu de l’eau, qui se mariait avec le bleu du ciel. Quand la nuit tombait, que seule la lune éclairait la surface de l’eau, celle-ci prenait alors une couleur noire, impénétrable, mystérieuse. 

                    gentiles coquelicots mesdames       une vue sur le village       vue sur bateau 

Dans cette citadelle, aux murs si hauts, aux arbres si robustes, aux portes si lourdes, vivait un bon roi avec sa Cour. Vivait une reine d’une grande beauté. La Cour vénérait son roi. Adorait sa reine.

 

l'envolée de marches pour aller à la citadelle

 

Mais, mon histoire ne serait pas une histoire s’il n’y avait pas une petite princesse. C’était la Princesse Sarah. Si belle, que le roi disait d’elle : « ma fille est la plus belle du Monde ». La cour disait –«  Votre princesse, mon Sire, est la plus belle du Monde ». L’écho répondait : « …. plus belle du Monde ! ».  

La reine remerciait quant à elle son bon roi de mari de lui avoir donné fille si belle. Elle remerciait les fées qui s’étaient penchées sur son berceau, lui donnant ce teint de porcelaine, ces cheveux d’ange, ces yeux pétillants et ce rire cristallin.

Sarah grandissait toujours de cette beauté magique, divine, lunaire. Son teint de porcelaine était protégé des rayons du soleil par les pins majestueux, qui à son passage se déployaient en parasol. Son rire avait pour magie d’attirer les oiseaux, d’ensorceler son entourage. Elle pouvait imiter à s’y méprendre le cri des mouettes rieuses, le chant des mésanges et des chardonnerets. Elle pouvait en soufflant, reproduire le bruit du vent dans les branches où celui des mâts qui montait jusqu’à elle. Mais, à l’âge où tous les enfants parlent, ou doivent parler,  la petite princesse Sarah restait muette. Le roi, si bon, consulta alors de nombreux médecins, spécialistes  et autres charlatans qui tous lui promettaient de faire parler sa fille si belle. Mais, aucun d’eux n’y parvenait ! La petite princesse continuait à imiter les bruits, les chants d’oiseaux qu’elle entendait à l’intérieur de cette citadelle aux murs si hauts.

Elle se promenait toujours dans les cours intérieures entourées de murs épais, peuplées d’eucalyptus et de pins majestueux. Elle était toujours accompagnée d’envolées d’oiseaux de toutes sortes, de toutes couleurs. Elle connaissait leur langage. Elle était si magique qu’ils venaient lui manger dans les mains, se poser sur ses épaules. Lorsque le vent décoiffait ses cheveux d’ange, les oiseaux se battaient pour savoir lequel d’eux viendrait lui replacer la mèche rebelle. D’un savant coup de bec, l’oiseau vainqueur  lui servait de barrette.

C’était ainsi chaque jour, au grand désespoir du bon roi et de la reine d’une si grande beauté.  

Le bon roi disait « je donnerais tout mon or à celui qui ferait parler ma fille si belle » et l’écho répondait « … fille si belle ». Mais, son or s’entassait et s’accumulait toujours et toujours. Il n’avait pas à le distribuer puisqu’il n’y avait aucune personne assez douée pour faire sortir un seul mot de la bouche de la petite princesse. 

Quant à la petite princesse, elle maîtrisait maintenant parfaitement chaque bruit qu’elle percevait à l’intérieur de cette forteresse. Le clapotis de l’eau, le gazouillis des oisillons, le grincement des lourdes portes, le jacassement des pies voleuses ; elle connaissait tous les noms de fleurs, même les plus sauvages. Elle était l’amie des abeilles qui venaient butiner la lavande. Mais elle ne connaissait rien de l’extérieur. Elle ne savait pas qu’il y avait un autre monde de l’autre côté des portes si lourdes.

Ses journées se passaient semblables aux autres journées. Ses seules conversations se passaient avec les oiseaux qui venaient par centaines se rassembler autour d’elle. Son père avait sa Cour ; les arbres, c’était sa cour à elle. Quand elle passait dans leur allée, ils se déployaient plus encore pour l’abriter du soleil et semblaient tous lui faire la révérence.

Un jour, qui ressemblait à tous les jours, venant de l’extérieur, venant de l’autre côté des portes si lourdes, elle perçut un autre son. Pas un son comme les autres. On aurait dit une voix. Un appel. –«  Léon………… Léon…………….Léon  »  Un appel, un autre appel, puis un autre encore, toujours aussi net, toujours aussi fort : « Léon ………….. léon …………….léon. ».

La petite Princesse qui imitait si parfaitement chaque son, chaque chant d’oiseau, chaque cri de mouette, retint celui-ci et tout aussi magiquement elle le répéta ci en criant clairement de sa voix cristalline : « léon ………………..léon…………….léon » puis encore et encore « léon …………..léon …………….léon ». Elle ne s’arrêtait plus. Elle explosait de joie, s’écoutant parler, écoutant ces nouveaux sons jaillir de sa gorge.

Le bon roi qui n’était jamais loin de sa fille si belle, l’entendant parler clairement cria à sa cour : « la princesse parle, ma fille chérie parle », et la cour répondit : « bon roi, la princesse parle », et l’echo répondit : « parle…………parle ». Et la reine de dire « mon roi, notre petite Sarah est guérie, il vous serait bon de vous enquérir auprès de vos sujets, du guérisseur de notre fille ».

Le roi parti à la recherche de l’auteur des premiers mots de sa fille. Mais, en vain. Les jours passaient. Personne ne vint réclamer l’or promis par le bon roi.

Les journées retentissaient maintenant des appels de l’extérieur :

« léon …………….léon……………léon », auxquels répondait la petite princesse : « léon ……………..léon……………..léon ».

Chacun s’émerveillait d’entendre la voix cristalline de la petite Sarah résonner dans toute la citadelle aux murs si hauts. Et chacun imitait et répétait les appels 

: « léon…………..léon…………..léon ». Mais, ne venait de l’extérieur que la réponse aux appels de la fillette.

Cette voix, ce cri, intriguait d’autant plus le roi si bon qu’il ne pouvait lui mettre un visage.

Il fit monter la garde à l’intérieur de l’enceinte. Rien ! Il fit monter la garde devant, puis derrière les portes si hautes et si lourdes. Rien. Impossible d’identifier l’auteur de ces cris, de ces appels.

Un jour qu’elle se promenait dans l’allée des pins si forts, si hauts, si verts, l’appel lui vint au dessus d’elle. La petite princesse leva brusquement la tête. L’oiseau qui lui servait de barrette se rattrapa en pinçant une mèche de ses cheveux d’ange. Sur une branche, un oiseau magnifique, semblant venu tout droit d’un tableau peint par des anges, la regardait. C’était la première fois qu’elle voyait pareille beauté. La tête et le cou avaient un plumage bleu, vert, violet, parsemé des reflets métalliques. Une crête de plumes aux teintes identiques et le bec couleur d’iris. Il s’envola et tomba à ses pieds. Tel un esclave, couché aux pieds de sa maîtresse. Mais, qu’elle ne fut sa surprise, lorsque le paon, car c’était un paon bleu que notre petite princesse s’était faite l’amie, lui fit soudain une roue, faite de plumes aux barbes vertes et métallisées, avec des reflets bleus et bronze, avec en leur centre des yeux bleu entourés d’anneaux bruns, jaunes, violets et or.

 

Léon le paon

 

Une roue telle un éventail, cet éventail dont elle avait vu si souvent sa mère, cette reine si belle, se servir pour se rafraîchir lors de températures élevées, ou, s’en servant juste pour masquer une légère timidité lors de réceptions royales.

Une roue rien que pour elle, pour elle la petite princesse Sarah ! Un moment de bonheur !

Le roi, si bon et si aimant accourut et vécut ce spectacle comme un tableau de Maître. Il n’avait jamais vu pareilles couleurs dans toute la nature, dans toutes ses peintures, dans tous les livres reliés aux enjolivures or et vermillon qu’il lisait fréquemment pour s’instruire.

 

ne dit on pas fier comme un paon

 

Un paon ! Comment aurait-il pu se douter ? Lui qui ne connaissait de l’extérieur que les toits, le clocher, les mats des bateaux et les couleurs changeantes de la mer. Lui qui ne connaissait, comme la petite Sarah, que les mouettes rieuses qui survolaient la citadelle, les pies qui venaient chaparder quelques objets scintillant, les mésanges bleues, jaunes, et les chardonnerets au plumage bariolé.

Voilà notre bon roi bien embêté. Comment donner son or, comme il l’avait promis à un paon ? L’or, il l’avait déjà dans ses couleurs. Comment le remercier d’avoir donné la parole à sa fille chérie ? La parole, la parole. Mais, oui, sa fille, la petite princesse parlait, donc, il pourrait lui demander à elle, comment remercier le paon de lui avoir fait ce cadeau qu’elle la parole.

Sarah était émerveillée par cet oiseau semblant descendu du paradis. Elle le surnomma  Léon. Chacun des deux découvrait des mondes différents. L’oiseau qui venait de l’extérieur se trouvait bien prisonnier dans cette citadelle aux murs si hauts. Et la fillette qui n’avait connu que l’enceinte de cette forteresse redonnait chaque soir la liberté à son ami.

Aussi, lorsque le roi si bon demanda à sa fille comment remercier Léon, le paon bleu et or, la petite princesse lui dit : « Oh, père, vous qui êtes si bon, n’en faites pas un prisonnier ici à l’intérieur, mais faites-lui l’honneur de veiller sur notre citadelle. Que lui et tous ses amis vivent dans ces pins si majestueux. Qu’ils paradent au dehors toujours, offrant aux passants ce spectacle que je viens d’avoir pour moi seule. Ces couleurs sont faites pour être admirées et non gardées jalousement. N’est ce pas Père que j’ai raison ? ».

 

plumes de paon

 

Le roi, si bon, si aimant approuva fortement les paroles de la princesse Sarah.

Léon, le paon bleu et or venait rendre visite à la princesse le jour. Il lui faisait la roue, comme il lui aurait fait la cour, et le soir, il retournait sur son arbre.

La princesse se désolait de ne pas le voir quand la nuit venait. Alors, le roi, si bon, si aimant, fit découper des créneaux dans les murs si hauts et si épais. Ainsi, notre petite princesse, ne considéra plus les murs si hauts comme des obstacles, mais comme de la dentelle, ou elle pouvait dans chaque trou entrevoir son ami.

Aujourd’hui encore, même si la citadelle n’est plus habitée par le roi si bon, la reine d’une si grande beauté et notre petite princesse Sarah, les paons veillent sur la citadelle. Ils dorment dans les pins qui ont abrité du soleil la petite princesse, lui laissant une peau de porcelaine. Ils font la roue quelquefois pour faire admirer leurs couleurs métalliques. Leurs cris stridents surprennent les promeneurs qui leur répondent.

Si vous vous aventurez un jour en haut de cette citadelle, regardez bien dans les pins, vous y verrez sûrement les paons au plumage spectaculaire, et comme moi vous aurez une pensée pour notre petite princesse Sarah.

FIN

Je ne sais si l'histoire vous a plu. Pour cela il faut avoir gardé en vous l'enfance et la magie. N'oubliez pas de mettre votre commentaire. Merci.

 

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